Le circuit du Mont Gosse



Veyrier - Eaux Belles - Château d’Etrembières - Mont Gosse - Mairie - Monnetier - Le Pas de l’Echelle - Veyrier. Une variante: après Mont Gosse 2 groupes: 1) sommet Petit-Salève, 2) bistro.

 

La Source des Eaux Belles ou Aiguebelle (il y en a 2), située dans le flanc du Petit-Salève, est dotée d’une cascade, abondante au printemps, qui se transforme en un mince filet d’eau puis se tarit l’été venu. Sa soeur jumelle, à 100m plus au nord, étant plus propre et plus régulière, est captée pour alimenter la ville d’Annemasse. Cette source a changé d’orthographe 6 fois au cours de l’histoire. Un restaurant était bâti à cet endroit frais et agréable ou des familles s’arrêtaient pour se reposer en faisant une balade au pied du Petit-Salève. Le Salève est une montagne sèche. Les seuls cours d’eau importants de la région sont à sa base: l’Arve, le Viaison, les Usses.

 

Le château d’Etrembières, construit au 13e siècle, fait partie de nombreuses maisons-fortes édifiées par les seigneurs de l’époque pour asseoir leurs positions et prévenir d’éventuelles agressions. Il a été endommagé par les genevois (et les bernois) à la fin du 16e siècle (en 1590) et  devenu une exploitation agricole au cours du 18e siècle. C’est depuis ce château que les troupes de l’armée savoyarde sont parties à la conquête de la citadelle de Genève vers 22 heures dans la nuit du 11 au 12 décembre 1602. Les soldats longeaient l’Arve puis le Rhône pour être couvert par le bruit des eaux et celui des moulins. Vers 2 h du matin les trois échelles sont mises en place et les 300 hommes d’élite de l’avant-garde montent à l’assaut. C’est au château que le Duc de Savoie, Charles-Emmanuel premier attendit en vain l’heureuse nouvelle - pour lui - de la prise de Genève. Etouffant de colère, il salua le retour de d’Albigny et des fuyards par ces paroles historiques: « vous avez fait une belle cacade ! » . Voir: Jean-Yves Mariotte, Henri Baud, Alain Guerrier: Histoire des communes savoyardes, tome II: le Faucigny, Ed Orvath, 1980, p.112-6, Les châteaux de l’ancien diocèse de Genève par Louis Blondel et L’escalade par Jean Wüest, 1973.

 

Le mont Gosse se situe à Mornex qui est un grand village qui fut un lieu de cure très couru grâce à sa situation de micro climat. Le nom Mornex vient de Morne = colline c.-à-d. le mont Gosse. Décrivant Mornex Henri-Frédéric Amiel nota: « On n’entend que le bruit de la mouche qui bourdonne. Ce calme est saisissant. Le milieu du jour ressemble au milieu de la nuit ». Sur le même sujet voici un passage du poète Gaudy-Le Fort, dont la belle demeure de commerçant enrichi est devenue la mairie d’Onex: « Amis, voilà Mornex! c’est là qu’on se repose, c’est là que chaque jour prend une teinte rose, c’est là que le génie admire et se recueille, qu’à l’album de sa vie on ajoute une feuille... ». De nombreuses personnalités viennent y séjourner pour jouir de la douce quiétude campagnarde, à deux pas de la grande cité de Genève. Richard Wagner y séjourne pendant 2 mois pour soigner son eczéma en l’été de 1856 et y compose, en partie, son chef d’oeuvre, la Walkyrie (les Walkyries étaient des divinités féminines de la mythologie germanique qui accueillaient au paradis les héros morts au combat). John Ruskin, peintre, critique d’art, sociologue et écrivain anglais, séjourne à Mornex en 1862-3. Après 1798, la réunion de Genève à la France ouvre sans entraves le pays du Salève aux habitants de la nouvelle préfecture du Léman. Le docteur Henri–Albert Gosse, né à Genève en 1753, est pharmacien à Longemalle. Les genevois le rencontrent souvent dans leurs rues, reconnaissant sa traditionnelle houppelande grise, ses cheveux longs et son gourdin de montagnard qu’il tient en main. Les savoyards qui viennent les jours de marché se servir chez lui, le consultent sur toutes choses. Le protestant Gosse a l’intention d’acheter une colline à Mornex. L’évêché de Turin interdit en 1794 que cette terre devienne propriété protestante. Pour arriver à ses fins, H.-A. Gosse conclut le plus invraisemblable des marchés. Il possédait la momie de saint-Benoît qu’il avait lui-même exhumée des ruines d’une église parisienne à l’époque où il était étudiant. Il proposa à l’évêché de Turin de troquer la momie contre le droit d’acheter la colline convoitée. En 1802, le docteur Gosse achète une propriété à Mornex qui se situe au sommet d’un éperon boisé qu’un vallon sépare du Petit Salève et qui domine toute la vallée, de l’Arve jusqu’à Bonneville. Dans les ruines d’un château détruit depuis plus de deux siècles, il construit un minuscule pavillon qui reflète bien ses goûts et dans cet ermitage qu’il appelle « Mon Bonheur » il passe de longs séjours. Son épouse, Louise Agasse, femme cultivée, sensible et patriote, secondée par son frère, assure la bonne marche de l’officine, tandis qu’il se laisse absorber par des préoccupations plus élevées que celle de ses bocaux. En 1812, le docteur Gosse qui est un fervent disciple de Jean-Jacques Rousseau, décide d’élever un temple dédié aux « grands hommes », à l’endroit de sa propriété où la vue est la plus étendue et d’où l’on jouit d’un panorama incomparable dont le Mont-Blanc forme le centre. Il place dans ce temple les bustes que lui modèle son fils, des grands naturalistes suisses comme Bonnet, Haller ou Vauquelin, mais aussi ceux de Linné, Rousseau ou de Saussure. Depuis quelque temps déjà, il nourrit l’ardent espoir de réunir dans cette retraite, tout ce que la Suisse compte d’illustres naturalistes, afin qu’ils viennent échanger leurs idées et qu’en présence des grands savants, ils puissent « s’électriser ». Pour cela, il se met en rapport avec l’un de ses amis bernois, le pasteur Samuel Wyttenbach, lequel va l’aider à élaborer cette rencontre. Après quelques hésitations dues à la barrière linguistique et un report de date, suite aux enseignements que certains dispensent, la réunion a lieu le 7 octobre 1815. Ce jour-là, une trentaine de savants, venus de tous les cantons de la confédération fondent la prestigieuse « Société helvétique pour les sciences naturelles ». Des statuts sont publiés, lesquels stipulent que tous les membres devront se réunir en ce lieu tous les cinq ans et que chacun devra faire l’objet d’une publication de ses travaux. Peu après, ladite société étend ses effectifs à quelques membres étrangers et compte plus de cinquante adhérents. Vers la fin du 18e siècle ceux qui s’adonnaient à l’étude de la nature étaient principalement des ecclésiastiques, des médecins et des pharmaciens. Henri-Albert Gosse ne se réjouira malheureusement pas longtemps de cette initiative, puisqu’il décédera moins de quatre mois plus tard, en février 1816. Son corps repose à Plainpalais et son coeur, embaumé, placé dans une urne de marbre noir, a été déposé dans sa propriété, sur le mont qui porte désormais son nom. En 1988 la  « Société helvétique pour les sciences naturelles » devient « l’Académie suisse des sciences naturelles » dont le Secrétariat est à Berne.